HombreWestern américain de
Martin Ritt (1967)
Avec
Paul Newman,
Barbara Rush,
Diane Cilento,
Richard Boone,
Fredric March…
Durée : 111'
IMDb
DVD : Zone 1 sous titré français
Août 1884
Une diligence de la compagnie Hatch & Dodge fait route de Sweetmary vers Contention. Le chemin de fer ayant définitivement supplanté la diligence, ceci est son tout dernier voyage. A son bord se trouve John Russell (
Paul Newman) un Blanc surnommé "Hombre" qui fut, enfant, enlevé et élevé par les Apaches jusqu'à ses 12 ans. Jessie (
Diane Cilento), l'ex-gérante d'un hôtel dont Russell venait de faire l'acquisition par héritage, l'accompagne. Alex Favor (
Fredric March), docteur délégué à la réserve indienne de San Carlos, et sa jeune épouse Audra (
Barbara Rush) sont également du voyage, ainsi qu'une jeune fille de 18 ans récemment libéré d'une tribu Apache, un employé de la compagnie et un chef de bande.
D'un rythme très lent et poursuivant la tendance du western de la fin des années 60 (qui marquera également son déclin),
Hombre s'attache plus à ses personnages qu'à l'action. L'intrigue est réduite à sa plus simple expression : le voyage en diligence et les rapports de force qui s'établiront entre les différents membres du petit groupe. Au fur et à mesure des discussions, les masques tomberont, révélant les desseins de chacun et les premiers dialogues laisseront peu à peu place au silence et à l'intensité des regards échangés.
S'il y a conflit, il s'agit plus ici d'un conflit de "moralité", opposant la morale des Blancs à celle des Apaches, cette dernière personnalisée par "Hombre", épicentre de l'aventure.
"Hombre", admirablement campé par
Paul Newman, est misanthrope, indifférent au sort de ses semblables (mais quels sont-ils ?), très peu diplomate et sans pitié. Ses silences rythment le voyage et le film et sa sécheresse de caractère (véritable miroir du désert dans lequel il évolue depuis toujours) s'oppose à l'altruisme et à la générosité du personnage de Jessie réduite, elle, à une certaine naïveté.
Si le roman de
Elmore Leonard dont est inspiré le long métrage de
Ritt se voulait être un violent réquisitoire anti-raciste, le film lui, met face à face cette société généreuse mais hypocrite, lâche et timorée dont est issue Jessie et le monde plus primitif de Russell où l'on connaît le prix de la vie et où l'on ne s'attendrit jamais sur l'inévitable.
Et c'est avec émotion, paisiblement guidé par le sublime thème musical de
David Rose, que l'on découvrira le personnage dissimulé derrière l'indifférence de John Russell, derrière ses silences immobiles et ses méditations funestes…