Encore et toujours sur l'hélas ministre de l'intérieur à nous. Comment faire des déclarations fracassantes, qui font vibrer la fibre réactionnaire...
Encore une fois, ses accusations n'ont d'écho que dans l'ignorance de ceussent qui veulent bien l'écouter et l'entendre. Encore une fois, il peut bien dire n'importe quoi, et la bonne presse alimentera un débat biaisé dés e départ sans se soucier si les accusations primaires de l'agité de Beauvaud sont fondées ou non.
Toujours du "canard enchaîné" mais du Mercredi 4 Octobre 2006.
J'éspères que les auteurs du canard ne m'en voudront pas de recopier ici quelques articles de leur cru...
C'est un peu chiant d'avoir à recopier, mais vu que leur seules ressources sont les ventes de leur canard, de leurs dossiers ou des best-of... je veux bien faire un petit effort.
Un document qui explique le naufrage de la justice des mineurs Faute de moyens, des milliers de décisions sont en attente. Et finissent souvent à la poubelleC'est une initiative syndicale prise dans un petit tribunal de Saône-et-Loire. Une idée toute simple qui en dit plus long sur la justice des mineurs que bien des débats savnts ou d'interminables joutes télévisées entre la droite et la gauche. Les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) exerçant à Châlon-sur-Saône ont établi un tableau avec, sur une colonne, la liste des enfants signalés, sur une autre, les raisons de l'intervention du juge, puis la décision du magistrat, et, enfin le
"délai d'attente" pour la mesure décidée.
Exemple: trois enfants de 15, 14 et 12 ans. Signalement:
"Jeunes violents présentant des troubles du comportement, absentéisme scolaire important". Le 16 Juin, le juge ordonne une
"assistance éducative en milieu ouvert". Délai d'attente: quatre mois.
Trois enfants encore, de 15 à 16 ans. Signalement:
"Faits délictueux". Le juge décide une mesure d'aide et ordonne une réparation pénale, par exemple, que les enfants remettent les biens dégradés en état.
"Délai d'attente": cinq mois.
Deux gamins de 8 et 9 ans, signalés pour des
"destructions de biens". Décision:
"Réparation pénale".
"Délai d'attente": quatre mois...
L'exécution est capitalePire, une enfant de 3 ans:
"Violence et inceste paternel supposés." Le juge ordonne une
"enquête sociale".
"Délai d'attente": neuf mois. Il y en a comme cela 67, entre violence familiale, prédélinquance, alcoolisme, fugues, dont on va s'occuper -promis juré- dans deux, six ou dix mois. Et encore, il ne s'agit, pour l'essentiel, que d'adolescents ou d'enfants en danger. Pour ceux qui ont déjà basculé dans la délinquance, le tableau est à peu près le même. Il faut parfois des semaines pour trouver une place dans un établissement éducatif, une famille d'accueil, ou pour organiser l'exécution effective d'une sanction.
Le président du tribunal de Châlon et le procureur de la République ont écrit au syndicat des éducateurs pour lui exprimer leur
"profond regret". Et ils prévoient d'organiser prochainement une
"rencontre" avec tous les acteurs pour tenter de remédier à cette situation dont ils ne contestent pas la réalité. L'histoire de Châlon ne serait qu'anecdotique si la quasi-totalité des tribunaux ne se trouvaient pas dans le même état de sinistre avancé. Et si beaucoup de tableaux du même modèle n'étaient en préparation dans nombre de juridiction.:
"A quoi sert de prendre des décisions, de rendre des ordonnances et des jugements, sévères ou bienveillants, s'ils restent lettres mortes?", s'interroge un juge pour enfants.
La protection judiciaire de la jeunesse manque cruellement d'éducateurs (mais Sarko en a promis 25 NDMrMeuh cf plus haut). Chacun peut prendre en charge jusqu'à 25 mineurs. Mais le nombre de fonctionnaires n'a pas suivi l'augmentation de la délinquance juvénile. Manque de centres éducatifs, de structures d'accueil, de centres fermés, de crédits pour les associations qui épaulent la PJJ. Il n'est pas rare qu'un juge passe des heures à chercher un placement éducatif avant de renoncer et de relâcher, faute de solution, un ado à la dérive. Résultat, les flics qui l'ont attrapé la veille hurlent au
"laxisme" Les mécomptes de BobignyLe tribunal de Bobigny, que Sarko a élevé, la semaine dernière au rang de laxiste en chef, n'échappe pas à la règle. Au moment où le ministre de l'intérieur fulminait contre la
"démission" de ses juges, ceux-ci faisaient, eux aussi, leurs comptes. Au 31 Août dernier, 191 décisions
"d'assistance éducative en milieu ouvert" étaient
"en attente d'exécution". Et 135 mesures pénales (liberté surveillée, placement, répration, travail d'intérêt général, etc) étaient également en souffrance. Même son de cloche à Créteil où le tribunal pour enfantscompte environ 70 mineurs qui attendent l'exécution de mesures prises à leur endroit. Dans ce département du Val-de-Marne, comme partout ailleurs, ce sont souvent les associations agrées, financées par le conseil général, qui prennent en charge les mineurs en danger ou prédélinquants, et mettent en oeuvre les mesures éducatives décidées par les magistrats. Actuellement, il faut, toujours faute de moyens, patienter entre six mois et un an pour obtenir le traitement d'un dossier. Le temps pour un ado de progresser dans la carrière de
"racaille" ou plus simplement de paumé...
Combien de mineurs à la dérive attendent ainsi, toutes juridictions confondues, que la décision qui leur a été solennellement annoncée puisse être appliquée? Il n'existe aucun chiffre officiel, mais plusieurs haut-fonctionnaires de la Protection Judiciaire de la Jeunesse risquent une estimation qui varie de 3000 à 5000 gamins.
"Et encore", explique un juge,
"ce chiffre est fortement minoré car beaucoup d'entre nous s'autocensurent et renoncent à prendre des décisions dont ils savent qu'elles resteront virtuelles..." De quoi relativiser la charge de Sarko (Il lui suffit de le faire, de le dire, il s'en fout lui de 'relativiser', NDLamule) contre le laxisme
"idéologique" de certains magistrats. En réalité, dans la première partie de la chaine, les choses fonctionnent à peu près bien. La Police arrête, le procureur poursuit, les juges sanctionnent ou admonestent, le greffier met le tampon là où il faut. Et c'est là que ça se gâte.
"Quand j'ai été nommée juge aux enfants", raconte une magistrate,
"j'ai hérité d'un cabinet avec deux ans de décisions non exécutées. J'ai demandé au procureur de tout mettre à la poubelle pour recommencer à zéro. De toute façon une bonne partie était prescrite".
Heureusement Sarko veille. Grâce à lui, les sanctions non exécutées seront de plus en plus sévères. Les jugements jetés à la poubelle vont devenir d'une extrème rigueur. Les peines de prisons oubliées de plus en plus lourdes. Les délinquants sont terrorisés.
Louis-Marie Horeau