Négrologie, Stephen Smith

Ca pourrait ne pas être de la littérature (d'ailleurs ça n'en est pas puisque c'est un essai) mais c'est tellement bien écrit, au scalpel, et l'auteur cite tellement d'autre réferences littéraires et historiques, qu'au final s'en est presque.
Littérature funéraire dont le but est d'enterrer à la fois l'angélisme gauchisant, christique et humanitaire ainsi que l'invention de cette négritude mortifaire, motif de tout les replis identitaires, et de toutes les mauvaises excuses.
Négrologie qu'est-ce ? Un regard sans concession sur la catastrophe que connait le continent africain et particulièrement au sud du sahara. Une catastrophe qui fera dire à l'auteur : le présent n'a pas d'avenir en Afrique. Une catastrophe qui lui laisse entrevoir un ethnocide lent et certain de 300 millions d'individus. Et sans une seconde mâcher ses mots, mais au contraire en les formulant avec un esprit de chirurgien, l'auteur fait la peau à toutes les mythologies qui donne aujourd'hui aux africains tout comme aux néo coloniaux du FMI et de la Banque Mondiale les meilleurs prétextes pour excuser l'incurie et justifier les interventions diverses et variées. Tout y passe, de l'île aux esclaves de Gorée qui n'en a jamais été une (mais que tous les grands de ce monde vont visiter avec des trémolos) à la fameuse ponction de l'esclavage qui ne fut pas du tout du seul fait des blancs, en passant par l'incurie des administrations africaines (à la corruption nourri soit par les gouvernements occidentaux, parfois à leur corp défendant soit par la bêtise de la Banque Mondiale) ou la fameuse africanité des ethnies (parfois inventées de toute pièce) des grandes familles (motif de rackett en bande) pour conclure sur "l'espoir" de la nation arc-en-ciel, à savoir l'Afrique du sud qui est quand même un pays assis sur une mine, voir un pays en guerre civile non déclarée.

Comme le dit l'auteur lui-même ce n'est pas un livre "gentil", on ressort de là avec une envie, le relire pour saisir toutes les subtilités de cette langue, ce verbe, et un coup de poing dans la tête à quelques une de tes plus innébranlables conviction. Non, pas gentil du tout, avec personne, mais indispensable. Et si t'es prof, à mon avis ça serait un petit crime de ne pas le faire lire à tes élèves (ceux de l'immigration d'une part, mais les autres aussi) et de ne pas leur faire faire un commentaire.

http://www.grioo.com/info2284.html

Décidément, voilà un livre que je me dois de découvrir absolument, ainsi que le triptype sur l'Empire de l'ami Gallo, vous savez l'historien qui révisionne le passé coloniale comme personne.