Le Chien Rose
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Le Chien Rose

Un grand n'importe quoi dans la tradition des grands n'importe quoi du net
 
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Mr Meuh!
Master de la Ceremony
Mr Meuh!


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L'endroit où j'ai mes fesses posées :
Date d'inscription : 15/07/2004

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MessageSujet: Nouvelles.   Nouvelles. Icon_minitimeJeu 26 Aoû - 19:23

Si tu en as une que t'aimerais faire lire, ici. Si elle est très longue, genre 15 pages, essaye en plusieurs morceaux, ça aide. Voiçi la mienne inspiré donc de mes dernières aventures hotellières. Sans pudeur ? Bof... sans fausse pudeur surtout.


En plein cœur.


Tout allait pour le mieux jusqu’ici. Je réfléchissais pas beaucoup, je buvais, je fumais mon hasch, j’écrivais et les semaines passaient. Des fois il y avait des trucs un peu mieux, j’avais un bon film au ciné, une allocation qui tombait. On m’appelait pour un freelance. Un peu de thune pour le shit, un restau, des bouquins. Et dans tout ça, bah faut pas se plaindre, personne n ‘écoute. Juste ça me manquait de ne pas baiser, et puis aussi de ne connaître personne ou presque. Des fois, surtout ces derniers mois, tout ça est devenu un peu plus pressant, plus dur. Mais je suis dur moi aussi, je suis malin, je me suis arrangé avec la vie, j’ai faufilé et je me suis bricolé quelques solutions de survie. Le sexe par contre… non toujours pas, et même pas là tout de suite. Rien.

Je suis réceptionniste dans un petit hôtel charmant du côté de Montparnasse. Le Des Bains, en raison du fait que dans le temps il y en avait, des bains. Et même un cabaret russe ! Enfin un endroit pas commun quand même. Modigliani, Gaughin, Picasso, Monet, ils y sont tous passé. D’ailleurs le taulier est un amoureux des arts. Il passe pas mal de temps chez les antiquaires, pas mal de fric à financer les artistes du quartier. C’est un une étoile mais on dirait qu’il en a trois. Mais bon, je ne suis pas vraiment réceptionniste. Je suis surtout sdf, rmiste, j’ai besoin de fric. Peu importe.
Jusqu’ici tout allait à peu près bien. A peu près. Je m’emmerdais doucement dans ma vie et j’essayais d’oublier à quel point je la trouvais merdeuse. Et donc, derrière ma réception je réceptionne. Les réservés, les ponctuels. Les ponctuels ils payent d’entrée. Pas besoin de faire de grimace, pas d’argent, pas de clef, pas de place, pas de clef, normal quoi. Mais avec les gens c’est jamais simple.
Par exemple, des fois, ils me font le coup de la stoppeuse. Vous savez la fille qui montre un bout de cuisse pour que les voitures s’arrêtent, et le mec qui attend dans le fossé…
Mes stoppeuses à moi elles montre pas les cuisses. Elles papillonnent, elles charment, elles sourient, veulent savoir des trucs, les chambres, tout ça, est-ce qu’elles sont belles ? Peut-on visiter ? C’est cher ?
73 euros mademoiselle, madame, que sais-je. 73 euros ma belle… pas ma passe, la chambre.
Pourquoi les gens font ça ? Je sais pas. Les règles sont partout pareilles, sauf dans les palaces, et encore…
Bref.
C’est pas marrant tous les jours, ça.
Je ne suis pas un meuble, j’ai un cœur, une queue, un cerveau. C’est cruel. Parce que bien sûr, elles sont toujours jolies mes stoppeuses. Toujours. Aussi belles qu’accompagnées. Systématiquement.

Elle comme les autres.

Je le savais à l’instant même où elle m’a regardé. A la seconde où elle a ouvert la bouche. Je le savais.
Je le savais, alors quand elle me l’a dit, bah j’ai pas été étonné.
Non j’étais juste…
…Juste furieux.
Enfin pas vraiment furieux, je lui en voulais.
Je lui en voulais parce que je l’aimais. L’aimais sans même la connaître. Et même pas parce qu’elle avait un « boy friend » comme elle m’a dit. Non. Même pas.
Tout ce que je voulais c’est qu’elle ne me rentre pas dans le cœur comme ça. Elle y était déjà, pas besoin de forcer. Forcer ça fait mal.
Mal. Tu m’as fait mal mademoiselle. Et je ne sais même si tu t’en ais rendu compte une seconde. Démoli d’un coup. Adieu ma petite vie merdeuse, mon petit bonheur fade, tu t’es engouffré dans ma tête, mon cœur. Pour un peu on aurait pu croire que t’étais chez toi. Et je fais quoi là ? Hein ? Moi le réceptionniste ? Je fais quoi bordel !? Je suis sdf me voilà squatté ! Tous les jours du jeudi au samedi t’as été là, à passer devant moi, à croiser mon regard, sourire, et moi pas foutu de répondre à tes sourires.
Tué.
Assassiné.
Occupé.
Alors j’ai écrit. Pas pour toi, pour moi. Je t’ais écrit, le soir même, squatté de toi jusqu’aux oreilles. J’ai écrit tout ce que tu m’avais fait, boum ! D’un coup, tout ce que j’aurais voulu te dire. Ca m’a soulagé. Un peu. Mais c’était pas juste, dégage de mon cœur mademoiselle, j’ai pas besoin de ça. Pas besoin d’être à la question. Alors j’ai tout tapé, tous les mots, je les ai arrangé même et j’ai attendu. Tapis derrière ma réception, planqué derrière ma raideur de fonction, j’attendais l’occasion de tout te balancer, paf ! Comme ça ! Y’a pas de raison, avis d’expulsion, dégage de mon cœur mademoiselle, je vais te dire ce que ça m’a fait.
A smile of you is spell on me. Life lethal weapon.
Un sourire de toi c’est un sort jeté sur moi. L’arme fatale de la vie.
Badluck… je suis aussi célibataire que tu ne l’es pas. Badluck again, tu souris au réceptionniste pas à l’être humain.
La vie est courte et fragile, fallait que je te le dise, tant pis pour le professionnel.
… Dégage mademoiselle, demain tu passes et moi je reste. Dégage, je t’aime, t’as sonné le tocsin dans ma tête, je ne dort plus, je ne mange plus. Dégage. Je t’en supplie.

J’ai attendu le dernier moment, j’ai pas pu avant.
Je t’ais filé ça comme un message banal, « hey, you’ve got a message ! » T’y as jeté un œil et t’es partit. Je ne t’ais jamais revu. A la fin du mot je t’ai demandé de ne rien dire, rien faire, oublier, si tu n’avais rien à dire. Ouais, dégage et me fait pas plus mal que ça mademoiselle.
Et puis t’es partit.
Enfin…

Mais t’avais quelque chose à dire.

Tu m’as laissé un disque par l’intermédiaire de ma chef.
Dis donc mademoiselle tu connais un truc moins évocateur que de la musique ? Exactement le genre de musique que j’aime en plus.

Je lui ai demandé de partir. Mais non. Elle est toujours là, logée comme une balle et j’arrive pas à dormir.
Alors je fais quoi hein ?
Je fais quoi ?
Rien, j’écrit, c’est encore ce qu’il y a de mieux à faire… enfin j’essaye de le croire.
Merde…
A la radio une fille chante « Under my skin »…. Putain faut que je me tire de ce rade.

Je me tire.

Jean Jacques Goldman me poursuit… « Où que je sois, quoique je fasse, je penses à toi…. »

Ta gueule.
Putain mais qu’est-ce qu’ils ont tous aujourd’hui ?


Paris 25 Août 2004.
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melvie
Chieuse Pro
melvie


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L'endroit où j'ai mes fesses posées : sur le chien pink en train de me défouler
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MessageSujet: Re: Nouvelles.   Nouvelles. Icon_minitimeLun 30 Aoû - 12:15

Je vous livre un premier jet d'une nouvelle qui me tient à coeur... Soyez indulgents... merci

Il entend siffler le train


Telle une furie, Madame Chotard déboule dans le commissariat de Gagny, banlieue du nord de l’Ile-de-France.
“Ce n’est pas possible, mon mari n’a pas pu se suicider, c’est une aberration ! Faites votre travail, retrouver son assassin !”
Tremblante de rage, effondrée par la peine, et prise de soubresaut, elle est accompagnée jusqu’au bureau du commissaire principal du district, Monsieur Lambert.
“Madame, écoutez-moi, l’enquête préliminaire a conclu à un suicide, il faut se rendre à l’évidence, votre mari allait plus mal que vous ne le pensiez, et a préféré en finir plutôt que d’assumer sa liaison avec votre amie Mademoiselle Saintex.”
“On en avait déjà parlé, je leur avais pardonné leurs écarts, à lui et à elle !Alors pourquoi s’être jeté sous un train un soir en rentrant du travail, sans une lettre, sans une explication.”
Après l’avoir patiemment écoutée, calmée et rassurée, quant à la reprise de l’enquête, Monsieur Lambert la confie au service d’aide psychologique du commissariat.
Persuadé du suicide de Monsieur Chotard, et après avoir dûment vérifié les témoignages de ses amis, il se décide à classer l’affaire. Une simple histoire d’adultère mal digérée par un homme soumis au stress, ça arrive…
Une semaine passe. Le commissaire Lambert s’occupe aujourd’hui d’un autre cas de “suicide”. Même gare, même heure, même profil. Décidément, les gens n’ont rien d’autre à penser par moment.
Cependant, un détail l’intrigue. Sur la caméra de surveillance du quai, il semble que la victime tente de se rattraper au parapet. On peut le supposer effectivement. Avec ce type de caméra, on peut s’imaginer n’importe quoi. Vivement un vrai système de surveillance. Enfin, avoir des trains à l’heure, c’est déjà pas mal demandé, alors ce type d’investissement…
Bizarre quand même, un homme qui cherche la mort et qui change d’avis trop tard pour pouvoir se sauver. Et ce regard surpris, comme si son plan final n’aurait pas dû se dérouler comme ça.
Oui, c’est bien étrange tout ça, bien étrange.
Par acquis de conscience, Lambert décide de retrouver et de convoquer les personnes présentes sur le quai ce soir-là. À vingt-trois heures, seules cinq ont pu être identifiées. Une mère et son fils (qui n’ont rien vu d’anormal bien évidemment), un couple d’amoureux (occupés à autre chose dirons-nous) et un jeune barman, d’une vingtaine d’années, Olivier Leligny, sans histoire, complimenté par ses patrons pour sa bonne humeur et son professionnalisme.
Lors de la convocation, le jeune s’explique. Oui, il a bien vu l’homme se rapprocher dangereusement du bord du quai. Au moment de sauter, il s’était même levé pour le rattraper, lui avait tendu la main, mais, malheureusement, trop tard.
Chose étrange, il était présent une semaine auparavant, lors du suicide de Monsieur Chotard.
Reconvoqué pour un interrogatoire plus approfondi, il craque.
“J’ai essayé de le sauver, je vous jure que j’ai essayé”, se défend Leligny.
Pris de folie, il bondit sur la vitre teintée, et à coup de tête, la fracasse.
Conduit aux urgences, soigné, calmé, il est reçu par le psychiatre de garde.
Comportement nerveux, voire violent, suite à une résurgence de stress émotionnel intense.
Bien sûr, avec eux, il y a toujours une cause traumatique à chaque comportement suspect.
“Il nous cache quelque chose docteur, j’ai besoin de savoir”
Accompagné de Lambert, le médecin interroge, quatre heures durant, le jeune barman.
“Reprenons, que s’est-il passé ce soir-là, Monsieur Leligny ?”
“Je rentrais chez moi docteur! J’ai vu cet homme tout pres du bord, il a glissé. J’ai essayé de le rattraper, mais il était trop tard. C’est comme pour mon oncle : quand j’étais petit, il m’a sauvé la vie. J’étais dans une gare, je me penchais pour voir si le train arrivait, j’ai glissé au moment où un train rapide passait. Mon oncle a couru vers moi pour me projeter de l’autre coté des rails. Mais , malheureusement, il est tombé et a été fauché par ce train. Il en est mort, mais moi, j’ai survécu ! »
“Et pour Monsieur Chotard ?”
“Il était tard, j’étais fatigué, le monsieur s’est penché, il a glissé, mais je n’ai rien pu faire…”, répondit Leligny sur un ton affolé.
“Vous avez essayé de l’aider, lui aussi ?”
“Oui…”
“En le projetant de l’autre coté des rails ?”
“Oui…”
Pour le sauver, comme votre oncle l’a fait pour vous ?”
“Oui…”
“Mais lui s’est fait fauché par le train ?”
“Oui, il glissait, il était proche du bord. C’était dangereux. J’ai tenté de le pousser sur les autres rails, mais je ne voulais pas finir comme mon oncle : ça m’arrive à chaque fois.”
“Comment ça ?”, demanda le docteur interloqué
“Ils tombent, mais ils ne vont pas assez loin et le train les fauche.”
“Mais, de qui parlez-vous enfin ?”
“Des autres, de tous ceux qui glissent du bord”
“Et combien sont-ils ?”
“Une bonne vingtaine cette année…”, répondit Leligny d’un ton monocorde.
Le docteur et Lambert se regardent, incrédules. Lambert sort son portable, et demande au commissariat central la listes des cas de suicide de cette année sur la ligne B du RER. 37 cas répertoriés.
“Ils ont tous glissé et vous avez essayé de tous les sauver, c’est ça ?”
“Oui, c’est ça !”
Lambert n’en croit pas ses oreilles ! Quel gâchis ! Leligny, accompagné de deux infirmiers, laisse Lambert et le docteur, totalement interloqués.
De retour chez lui, Lambert songe. Plus d’un cas sur deux ! Tout ça pour un « psychopathe » qui croit revoir le drame qu’il a vécu 10 ans auparavant. Le comble, c’est qu’il n’a, en aucun cas, conscience de son geste morbide, persuadé de tenter d’accomplir, à chaque fois, un acte héroïque... Décidément, y’a des jours plus longs que d’autres… Quel monde de timbrés…
Plongé dans ses pensées, Lambert se penche pour regarder si le train arrive. Une ombre furtive passe près de lui. Il se retourne, surpris, et s’éloigne du bord du quai, on ne sait jamais…
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