Attention petit bijoux.
Le titre français est d'une profonde connerie, mais ça messieurs dames rien de bien neuf sous la pluie. En anglais "the human stain", ce qui pourrait se traduire par la tâche humaine, dans les sens double du débile profond mais aussi de la marque de l'infâmie comme l'était la fameuse lettre écarlate. Au casting, rien que des petits bras, jugez plutôt : Anthony Hopkins, Gary Sinise, Nicole Kidman et Ed Harris.
L'histoire est linéaire : un professeur de lettre se fait virer pour injure à caractère raciale, sa femme meurt, il se fait un pote, a une histoire d'amour avec une femme au passé déchiré. Une relation qui n'est pas du goût de tout le monde.
A lire comme ça, je m'attendais à un bon mélo bien casse-couille avec Anthony Hopkins jouant son poète gallois disparu, et chacun y allant de son petit numéro... mais non. D'abord on croit qu'on va avoir à faire à une ode à la Vie, mais non plus, enfin pas seulement, et puis a un plaidoyer contre les préjugés imbéciles, mais si c'est bien l'argument de fond, l'enjeu est encore plus important. Parce que le père Hopkins a un secret, un secret bien à lui, assez vite révélé, mais qui va définitivement éclairer tout le film d'un jour nouveau. Si bien éclairé que cette lumière là vous bouffe un peu l'oeil. C'est légérement douloureux, pitoyable, amer, triste, et si compréhensible d'une certaine manière qu'on ne peut juger personne, sauf... les péjugés...
Le film commence intelligement par la fin, et s'ouvre sur la belle voix de conteur de Sinize. Les dialogues sont précis, très bien écrit, rendu lors de scènes sans continuité réelle mais qui s'imbriquent idéalement les unes dans les autres, avec des renvois parfois à d'autre moment du passé de Hopkins ou de réflexions de certains personnage. Un film hautement subtil pour des acteurs non moins tout en finesse, chacun à sa façon.
Comme d'habitude Nicole Kidman est plus que parfaite, un caméléon qui sait tout porter dans son regard et son attitude, regarder là dans ce film, puis en poupée barbie dans Prète à tout, si vous ne savez pas ce que ça veut dire quand on vous parle de meilleur actrice de sa génération, là vous en aurez une idée limpide.
Quand à Hopkins, il porte merveilleusement son rôle, aidé par un goût prononcé des silences, des silences toujours juste et jamais pesant. Des silences qui vous porte vers des regards, des regards lointains, parfois mélancoliques, tout en profondeur.
Alors je ne vous dirais pas que c'est The film pour péter un coup le samedi soir, mais il est si bien écrit et si bien joué, qu'il passe comme du petit lait, simplement et vous laisse à réfléchir. Le filmage est joli, classique, il donne une ambiance un peu littéraire au tout, et c'est normal puisqu'au départ l'histoire nait de la rencontre d'un prof de lettre licencié et d'un écrivain reclu.
6/6