C'est même pire que cela. 25 éducateurs supplémentaires, autant pisser dans un violon.
Mais c'est toujours un "plus".
Dans l'éducation nationale, on organise la purge. Alors, vous me direz qu'une purge est nécessaire. Et je serais d'accord. Sauf, que les personnes visées par la purge ne sont certainement pas celles qui le méritent.
Et aujourd'hui Robien de confirmer 8500 suppression d'emploi dans l'éducation nationale pour la rentrée 2007...
Allez comprendre
Avant la "Ambition réussite machin-chose", il y avait environ 700 établissements classés Z.E.P.
Kézako ce statut?
Ce statut, avec des modalités dont j'avoues ne pas connaitre les arcanes de façon complète, permet en gros, de n'avoir que des classes d'une vingtaine de gamin, et plus de personnel dans la "vie scolaire" (les pions). Ces derniers sont le pivot d'un établissement. Encore une fois, ce sont ces personnels, moins rémunérés et au statut moins mirobolant qui font monter la sauce.
Etait-ce suffisant. Sans doutes pas dans bien des cas. Toujours étant que des évolutions positives ont été observées. Mais c'est un combat à renouveler chaque année, avec chaque classe d'âge qui débarque. Les Z.E.P ont toujours demandé des moyens supplémentaires. La création des ambitions réussite viens tout mettre par-terre... et menace les établissements sensibles qui n'ont pas eu droit à cette appellation.
Prenons le cas de mon établissement par exemple.
Je prends le train en route. En discutant ça et là avec mes nouveaux collègues, il y a eu des années terribles avec des classes presque mythiques tant elles étaient infernales. Cela peut faire rigolervu de loin, mais je peux vous garantir que d'aller en cours avec une classe "infernale" et bien ça fait beaucoup moins marrer... et je n'ai pas une classe trop difficile!!!!
L'équipe professorale et vie-scolaire est cohérente. Elle a plusieurs années de fonctionnement, et l'effectif est complet (lisez, les éléments clés sont là). Si les choses ont pu s'améliorer, c'est sans nul doute grâce à cette cohérence. Le problème est-il résolu pour autant? Certainement pas.
Que ce soit au niveau des places disponibles aux concours, ou bien au nombre de classes ouvertes, on voit bien la tendance générale. Dans mon collège, les classes grossissent. Peut-être la fausse récompense d'une amélioration timide des choses. Pourtant le taux de réussite au Brevet est ridicule: environ 50%.
C'est nul! Mais est-ce si étonnant?
NON! J'ai deux 4eme. Une terrible, l'autre nickelle! Après un mois de cours, j'ai déjà une semaine et demie de retard avec ma classe la plus difficile. Elle est pas drôle cette classe: ils sont 22, ils étaient 20 au jour de la rentrée. Sur les deux derniers arrivés, j'ai hérité d'un "cas" qui est venu se greffer aux autres déjà là. J'ai déjà perdu deux cours presque entier à faire, j'allais dire à faire la police, à les recadrer. Le collège est petit, nous ne sommes que deux enseignants de physique chimie. Pas de groupe possible. 22 en ZEP, c'est trop.
J'ai d'autres collègues dans ma matière qui se coltinent des classes de 35!!! En lycée certes, mais que voulez-vous faire en science expérimentale avec de tels effectifs?
Ou en cours de langue!
Mon analyse est que, dans un but de moins payer, le ministère stresse un peu plus les effectifs. Vous aviez des difficultés avec 20 élèves? Ben deux de plus ça changera pas grand-chose. Pauvres connards! ça change tout!
Malgré tout mon collège est "tranquille". La mixité sociale n'est pas un vain mot. C'est nécessaire. Cela permet d'avoir des classes agréables, celles qui vous rappellent pourquoi ce métier est qualifié de
plus beau métier du monde . Cela permet aussi à ceussent issus de milieux difficiles dêtre dans un cadre paisible. Et peut-être de pouvoir exprimer le potentiel qu'ils ont!
Le public est multiple. On ne peut pas rester insensible aux problèmes des éléments problématiques. Des enfants ballotés d'tablissements en établissements, certains sont dans des foyers, d'autres vivent chez un de leur parent qui est dépassé, certains sont certainement maltraités. D'autres jouissent sans doutes d'un encadrement "normal".
Plutôt que d'augmenter la capacité de travail en liaison avec les familles, ce qui demande évidemment plus de personnel pour le faire, nos têtes d'oeuf ont décidé de ne concentrer les efforts que sur les situations les plus probèmatiques.
Ils s'appelleront "ambition réussite" et ne seront plus que 250 établissement environ... Je vous laisse conclure! 700 ZEP il y a quelques années, 250 AR maintenant... La messe est dite.
Comme si les établissements entre-deux-eaux ne risquaient pas un jour de rebasculer vers le côté obscur de la force.
Et je ne parle pas de la carte scolaire. L'annuler, c'est tuer la mixité sociale, la seule chose qui arrive encore à tenir un collège comme le miens à flot... Un instrument lequel même s'il est déjà largement spoilé, assure un semblant d'une de nos trois valeurs cardinales: l'égalité.
Faites passer mon gémissement.
A part ça, ben ça va.