Pas fiers les Français "de souche" que nous sommes, ma belle et moi, à la sortie d'"Indigènes".
Ce film passait encore dans le petit cinéma de notre bourgade. Après l'énorme exposition médiatique autour du film de Bouchareb, nous connaissions le pitch.
La micro-histoire est une approche relativement nouvelle de l'Histoire avec un grand H. Discipline qui flirte avec la limite, car elle se rapproche de l'escroquerie qui consiste à partir d'un fait divers pour en faire une généralité. La micro-histoire c'est l'étude de petits groupes de personnes ou de micro sociètés replacées dans le grand canevas. L'intérêt est certain: on ré-humanise le propos. Vu de loin, on compte les victimes du second conflit mondial par paquets de dizaine de millions! C'est effarant.
Ici, le but est de mettre des visages sur ces centaines de milliers de 'citoyen Françaiss' de l'armée coloniale qui participèrent au second débarquement: l'opération
Dragoon. Vu de loin, cette armée était l'armée Française. Vu de plus près, c'était les colonisés pour une large majorité. Je pense que l'on parle plus des 117 hommes du commando "Kiefer" du débarquement de Normandie que ces hommes plusieurs milliers de fois plus nombreux.
A rappeler que la progression de
Dragoon a tout simplement estomaqué l'état-major allié. Pour une fois, on était en avance sur le devis. Merci qui?
Merci plusieurs intervenants évidemment. Il est dommage que l'on ait seulement retenu que l'intervenant "résistance Française hexagonale".
L'intérêt du film est de voir cet épisode à nouveau peu glorieux pour un pays, qui désire toujours avoir un rôle sur le plan international, au travers des yeux de ces combattants "Indigènes". On se rapproche d'eux, et la vision des injustices qui les concernent, prennent un relief et une réalité autre que la connaissance froide et académique.
Franchement, ça fout la honte, la rèche! Il est assez estomaquant de voir que même lorsque l'état est en lambeau et au bord du chaos, la pression coloniale continue à s'exercer car il ne faut pas faire rêver le petit peuple, et toujours rappeler aux colonisés quelle est leur place: partout pour donner leurs tripes, nulle part pour avoir des droits.
Le film est globalement bien ficelé et bien interprêté. Là encore on est loin des morceaux de bravoures Hollywoodiens, mais on ne s'en plaindra pas.
Au final, il reste une tristesse amer. ouais, l'amertume que l'on a à chaque fois que l'on voit une injustice impunie au grand écran. Sauf que souvent, le méchant est puni à la fin. Ben pas là.